Ami lecteur, si tu es également cinéphile, tu noteras l'usage d'un titre de film qui comporte en bien des points, des similitudes avec ce récit. Je me hasarde donc à emprunter ce titre qui a pour cadre un lac, lieu de rencontres gay.
Il est environ 13 heures et le soleil de juin est généreux. Nous sommes un vendredi et j'ai terminé mes dossiers de la semaine. Je peux donc me considérer en week-end. Le temps et la période de l'année me donnent une envie irrésistible de prendre un bain de soleil, nu, sur la plage secrète d'un grand lac à une trentaine de kilomètres de mon domicile. Je vais donc donner suite à cette envie. Il y a certainement peu de monde en cette période de l'année et cette perspective me convient tout à fait. J'ai envie de profiter de la quiétude de ce lieu avant qu'il ne devienne un lieu de rencontres très prisés des gens du coin et des touristes avertis.
J'arrive sur le chemin qui mène à la plage où le naturisme est officiellement autorisé... un problème de moins. Le véhicule garé dans le bois, je termine le trajet à pied. Je note ça et là quelques voitures et, arrivé à proximité de la plage, deux motos. Bon, je risque de ne pas être seul mais ce ne sera pas la foule non plus.
Me voilà sorti de la forêt et j'admire cette crique sauvage baignée par le soleil. Effectivement, je ne suis pas tout seul mais j'ai encore l'embarras du choix au niveau des emplacements. Je me dirige donc sur ma droite pour rejoindre le coin de plage partiellement ornée de roseaux. J'aime l'intimité de cet endroit et je me le réserve souvent. Je retire mes vêtements tranquillement en misant sur une petite sieste sous la douceur du soleil. Casquette vissée sur le visage pour un peu d'obscurité, le corps alangui sur mon drap de plage, je ne tarde pas à m'endormir. Trente minutes, une heure... je ne sais pas vraiment. Je suis engourdi par ma sieste et je sens la chaleur de mon corps qui n'a pas manqué de capter les rayons du soleil de juin. Je crois bien que ma peau a déjà bruni.
Je me lève, un peu grogui, pour entrer dans l'eau fraîche du lac histoire de me réveiller un peu. L'eau est claire, je peux voir mes pieds qui avancent lentement dans le lac et je m'enfonce doucement dans la profondeur de l'eau. Je franchis difficilement le niveau des cuisses. Tout le monde sait que l'immersion des parties intimes est toujours un peu sensible. Ma respiration se bloque et je m'allonge dans l'eau encore bien fraîche. Une sensation de bien-être et de liberté inonde mon corps et mon esprit. Je fais quelques brasses pour m'éloigner de la plage, la planche et débute un crawl lent mais efficace. Je me retrouve à proximité d'une île de végétation où j'aime me prélasser en toute quiétude car les voyeurs et autre dragueurs sont souvent freinés par le fait de traverser cette petite étendue d'eau qui sépare la plage de l’île.
Une fois les pieds sur le sol, je remonte jusqu'au banc de sable bordant l'île. Je m'allonge le corps ruisselant, sur ce sable plutôt fin et délicieusement chauffé par les rayons du soleil. Je perd une fois de plus la conscience et somnole à nouveau. Une bise un peu plus fraîche déclenche des frissons sur ma peau peu habituée à la nudité en cette fin de printemps. Je me redresse et observe la plage qui s'étend devant moi, de l'autre côté de la bande d'eau qui la sépare de l'île. Quelques gars circulent sur la plage, tantôt les pieds dans l'eau, tantôt en s'enfonçant sous les frondaisons des arbres ayant colonisé les abords de la plage. Je remarque une silhouette dans les fourrés. C'est un gars de taille modeste, tee-shirt, bermudas et casquette. Il a l'air de chercher les quelques visiteurs du jour. Les silhouettes se croisent dans un jeu incessant, sur la plage ou sous les arbres. Il n'a pas l'air de s'en préoccuper.
Je vais rejoindre la plage, affrontant à nouveau l'entrée dans l'eau claire mais fraîche du lac. Ouh, c'est quand même frais mais tonifiant. Je rejoins mon drap de plage, enfile mes lunettes et m'allonge pour sécher mon corps qui scintille sous les gouttes d'eau laissées par ma traversée. Le jeune homme en bermuda et casquette est dans les fougères derrière moi. D'aucun dirait « Il matte ». Pas grave et puis il est jeune et mignon. Je dois simplement me sentir flatté d'attirer encore les regards de gars plus jeunes que moi. Je chausse mes lunettes de soleil peut-être pour me donner de la contenance et pour pouvoir visualiser mon visiteur plus facilement. Il est clair que ma présence l'intéresse. Quel dommage de ne pas profiter de la plage lorsque l'on est arrivé ici après pas mal de marche dans les bois !
Je m'allonge à nouveau pour sécher et réchauffer mon corps. Le soleil a déjà baissé dans le ciel et il doit être près de 17 heures. Je ne m'endors pas cette fois. Je crois que la sensation d'être observé m'empêche de me détendre complètement. D'autre part, les quelques visiteurs arpentent le rivage pour passer plus près de mon drap de plage et sans doute tenter d'attirer mon attention. Non, aucun n'est à mon goût et je ne suis pas venu pour la drague. En revanche, le lutin du bois m'attire. Comment faire, il ne s'approche pas de la plage et reste à demi masqué par les fourrés.
Je suis sec désormais. Je me redresse et me dirige vers les bois, juste derrière la plage et les roseaux qui me cachent déjà pas mal. Je serpente sur les sentiers laissés par les allées et venues des habitués la serviette nonchalamment posée sur mon épaule. Mon lutin, comme je me plais à le qualifier, est toujours à proximité et s'éloigne un peu vers une clairière de bouleaux à l'écorce blanche. Il s'arrête derrière un arbre et plonge sa main dans son bermuda tout en me regardant. C'est désormais une certitude, il connaît bien la réputation du lac en tant que lieu de rencontres plutôt gays.
Je poursuis ma progression sous les arbres et décide de rejoindre une jetée de pierres et dont le chemin sans issue longe le lac sur environ 300 mètres. Je serai contraint de faire demi-tour arrivé au bout mais je vais bien pouvoir évaluer le comportement du jeune homme un peu voyeur en adoptant cette stratégie. Soit il rebrousse chemin de peur de me croiser lors de mon demi-tour, soit nous nous retrouvons « coincés » sur la jetée, obligatoirement proches dans ce chemin sans issue.
Je noue désormais ma serviette autour de ma taille pour cacher tant bien que mal une érection que cette promenade dans le plus simple appareil ne manque pas de déclencher. J'aime le contact de la plante de mes pieds sur le sol couvert de mousse, de quelques feuilles sèches en décomposition et d'humidité provenant de la proximité du lac. J'évite soigneusement les grosses racines qui rendent le chemin plus ou moins accidenté. Je me risque à regarder un peu en arrière et constate que le garçon m'a emboîté le pas. Je progresse donc avec toute la tranquillité dont je peux faire preuve, vers la jetée de pierres. Je la distingue maintenant baignée par le soleil. Un homme nu est déjà sur place. Ah, je n'avais pas prévu cette compagnie. Tant pis, s'il est gêné, il repartira, sinon, j'afficherais mon indifférence. Il me voit et adopte une posture détachée, rêveuse en scrutant l'horizon, les bras croisés. J'arrive sur la jetée. Il me lance un regard dénué de chaleur et se déplace un peu. Je le dépasse donc avec un « bonjour » condescendant puis je m'avance sur le muret de pierres, les yeux perdus dans l'horizon. Je m’asseois sur le muret, la serviette enserrant ma taille par pudeur. Le gars s'éloigne lentement sans doute parce qu'il voit arriver mon inconnu habillé. Je m'incline vers l'arrière, les yeux fermés et le soleil baigne l'avant de mon corps et mon visage. C'est bon et excitant. Je vois sur le côté droit que le garçon des fourrés s'avance lentement, la démarche peu assurée. Cette situation me fait sourire moi qui fait tout pour afficher une attitude naturelle et décontractée. Mon sou ...
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